L’histoire unique des Nokota

Les chevaux Nokota ont une histoire riche et passionnante. Remontez le temps avec nous et plongez dans une histoire unique…

Les Nokota sont des petits chevaux rustiques et réfléchis originaires du nord de USA.

Ils peuvent faire penser à des mustangs mais leur histoire et leur génétique unique les différencient de ces derniers.

Les chevaux Nokota, un héritage historique riche…

On retrace les ancêtres des chevaux Nokota aux poneys de chasse et de guerre des peuples amérindiens des grandes plaines (Lakotas, Hunkpapas, Oglalas…), et notamment aux chevaux de Sitting Bull et de son peuple au moment de la célèbre bataille de Little Big Horn.

Si les hommes de Sitting Bull ont remporté la bataille, ils ont néanmoins perdu la guerre, et au moment de leur reddition quelques années plus tard, leurs armes et leurs 250 chevaux (qui d’après les témoignages portent encore des cicatrices de balles) leurs sont confisqués.

C’est ainsi que le Marquis de Morès, un Français aventurier et cavalier émérite, rachète une partie de ces chevaux et s’installe comme rancher dans les Badlands où il les élève en open range (libre pâturage) avec différentes races de chevaux de travail.

Il y fonde une ville qu’il baptise Medora, du prénom de son épouse où il y élève du bétail et y côtoiera pendant quelques années Théodore Roosevelt, avant de faire faillite et de repartir vivre en France.

Quelques décennies plus tard, dans les années 1940, un parc national est fondé à Medora en hommage au Président Roosevelt et lorsqu’il est clôturé, des chevaux descendants de ceux du Marquis de Morès y sont enfermés par inadvertance.

Malgré des conditions de vie assez rudes, ils s’y reproduisent et à la fin des années 70, les administrateurs du parc commencent à organiser des battues afin de réduire le nombre de chevaux.

Beaucoup sont tués dans ces opérations et les chevaux capturés sont pour certains récupérés par le zoo voisin pour nourrir les fauves, les autres sont vendus aux enchères pour une poignée de dollars.

C’est à ce moment que la famille Kuntz en entend parler. Leur première intention est de croiser les chevaux rustiques achetés au Theodore Roosevelt National Park (TRNP) avec leurs propres chevaux de course afin d’améliorer ces derniers, avec l’idée d’apporter des pieds sains et solides à leurs croisements.

Rapidement, les frères Leo et Frank Kuntz tombent sous le charme de ces chevaux réfléchis et courageux, et s’interrogent sur leurs origines. Ils rencontrent alors Castle McLaughlin (diplômée de Harvard), dont les trois années de recherche sur les chevaux du parc permirent de remonter la piste historique.

A partir de là, Leo et Frank, conscients de la valeur historique de ces chevaux, vont aller à toutes les ventes aux enchères du parc pour essayer de racheter le maximum de chevaux possible. Parallèlement, ils se mobilisent pour faire reconnaître ces chevaux à l’héritage unique de façon à les sauvegarder.

C’est ainsi qu’en 1993, le NOKOTA (mot imaginé par Leo : contraction des mots North et Dakota), tel qu’il est désormais appelé, devient officiellement la race emblème de l’état du Dakota du Nord.

Entretemps, l’administration du TRNP prend conscience de l’importance de garder un troupeau de démonstration pour le tourisme, car il n’existe plus d’autres chevaux féraux dans l’état du Dakota du Nord. Malheureusement, elle n’accorde aucune importance à la préservation des lignées historiques et décide de supprimer les étalons endémiques et de les remplacer par des étalons de diverses races domestiques.

En 1999, les frères Kuntz avec un groupe d’amis, créent le Nokota Horse Conservancy. L’existance de la race Nokota Horse devient officielle et un registre de race est mis en place, prenant en compte les chevaux d’origine « fondation » du parc, c’est-à-dire les individus sortant du parc avant l’introduction des chevaux extérieurs.

Une génétique unique et importante

Les Amérindiens du nord des USA et du Canada ont toujours clamé qu’ils étaient des peuples cavaliers et cela bien avant l’arrivée des premiers colons en Amérique. Leur Histoire, faite de tradition orale et non d’écrits, n’a jamais permis de prouver ce qu’ils avançaient et contredit l’histoire communément enseignée selon laquelle les chevaux seraient arrivés avec les colons Espagnols.

Or, des recherches sur l’ADN de ces chevaux ont révélé qu’il y a moins de traces de races européennes qu’attendues (notamment hispaniques) mais qu’il existe en revanche chez plusieurs individus des similitudes avec certaines races asiatiques anciennes de Sibérie et de Chine; cela permet d’envisager sérieusement la théorie selon laquelle les chevaux auraient traversé le détroit de Béring avec les hommes et accréditerait la parole des anciens.

De plus, des découvertes archéologiques récentes tendent à confirmer cette théorie. En effet, des squelettes de chevaux trouvés en Amérique du Nord ont été datés comme étant de période précolombienne.

Leo et Frank Kuntz en étaient persuadés bien avant que la science ne permette de le vérifier ; ils sentaient, savaient que leurs chevaux avaient quelque chose de spécial et de rare.

Les Nokota aujourd’hui

Leo Kuntz, qui possédait le plus important troupeau de Nokota au monde, est décédé accidentellement en 2018. Malheureusement, une grosse partie de son troupeau a été disséminé aux quatre coins des USA et la plupart des propriétaires actuels ne les ont pas fait enregistrer. Le Nokota Horse Conservancy (NHC) en a perdu la trace et ces chevaux ne font donc probablement plus partie du programme de préservation de la race.

Frank Kuntz, a perdu une grande partie des terres sur lesquelles ses chevaux vivaient. Il ne fait plus partie du NHC aujourd’hui et c’est donc seul qu’il doit gérer son troupeau de 180 têtes. Leur situation est fragile. Il n’a jamais abandonné l’idée de trouver un sanctuaire où ses chevaux pourraient à nouveau vivre en totale liberté comme il y a 100 ans.

Le Nokota Horse Conservancy, situé dans le Dakota du Nord, maintient un troupeau d’une centaine d’individus. Inquiets du faible nombre d’éleveurs aux USA, les membres de l’association sont en train de mettre en place une politique visant à encourager l’installation de « preservation breeders ».

Des premiers Nokota ont été importés en Europe en 2008, et on en dénombre environ une centaine aujourd’hui, principalement dans des élevages en France, en Suède et au Danemark.

Les derniers calculs font état de moins de 500 Nokota reproducteurs 100% fondation aujourd’hui dans le monde donc le combat de préservation des frères Kuntz reste plus que jamais d’actualité !